Ci-dessous une synthèse de Robert Garnier sur les oeufs au Fipronil:

La Belgique a été  le premier pays de l’UE à notifier, le 20/07/2017, que des traces de Fipronil avaient  été détectées dans des œufs, puis les Pays Bas l’ont fait, le 26/07 et l’Allemagne le 31/07. Cette contamination serait due à l’utilisation en Belgique et aux Pays Bas d’un antiparasitaire contre le pou rouge des poules contenant du fipronil alors que l’utilisation de cet  insecticide est interdit sur les animaux destinés à la chaine alimentaire dans l’UE. D’autres pays sont concernés Suisse, UK et la France En France, cinq entreprises «établissements d’ovoproduits » ont reçu des œufs contaminés par le fipronil provenant des Pays Bas. Ces établissements sont situés dans la Vienne, le Maine et Loire, le Pas de Calais, le Nord et le Morbihan. Aucune indication de contamination d’œufs coquille, en vente sur le territoire français, n’a été signalé par les autorités. L’Agence fédérale allemande pour l’évaluation des risques sanitaires (BfR) a fait une évaluation du risque sanitaire  (cf .document joint). Elle est basée sur les concentrations de fipronil mesurées dans les œufs et la viande de poulet distribués en Belgique et fait l’hypothèse réaliste que les mêmes items distribués dans le reste de l’UE ont une contamination voisine :
  • Les concentrations de fipronil mesurées dans les œufs étaient comprises entre 3,1 µg/kg et 1,2 mg/kg d’œuf.
  • Dans la viande, les concentrations mesurées étaient comprises entre 1,5 et 15,6 µg/kg.
Ces concentrations mesurées sont la somme de celles du fipronil inchangé et de son principal métabolite actif (sulfone) Le BfR a construit des scénarios d’exposition de la population au fipronil par la consommation des œufs et de la viande de poulet. Il a considéré qu’une exposition de très longue durée était improbable et qu’on pouvait se limiter à un scénario d’exposition de brève durée, tant pour les adultes que pour les enfants. Ils ont ensuite identifié les percentiles 97,5 des distributions des consommations d’œufs et de poulet chez les 14-80 ans et chez les enfants de 2-4 ans, en utilisant une base de données allemande et une base de données de l’EFSA  (Agence européenne de sécurité sanitaire des aliments). L’évaluation maximaliste des expositions a consisté, dans tous les cas,  à calculer la prise journalière de  fipronil du fait de  la consommation d’œufs et/ou de viande de poulet en considérant que les consommations des deux aliments étaient celles du percentile 97,5 et que les concentrations de fipronil y étaient les plus élevées mesurées (soit 1200 µg/kg pour le œufs et 15,6 µg/kg pour la viande). Avec le modèle allemand d’évaluation de l’exposition, les expositions au fipronil du fait des œufs et de la viande étaient respectivement, de 6,44 et 0,164 µg/kg/j chez les enfants et de 2,33 et 0,12 µg/kg/j chez les adultes ;  avec le modèle EFSA, les valeurs correspondantes étaient de 14,9 µg/kg/ j et 0,18 µg/kg/j chez l’enfant, de 4,5  et 0,18 µg/kg/j chez l’adulte Pour le fipronil, l’EFSA a proposé une dose journalière acceptable (DJA) de 0,2 µg/kg/j. Elle est issue d’une étude de toxicité chronique (2 ans) conduite chez le rat, dans laquelle la dose maximale sans effet (NOAEL) était de 19 µg/kg/j. Les effets critiques étaient neurotoxiques. (le fipronil est un antagoniste GABA et ses principaux effets toxiques en résultent : tremblements, fasciculations, convulsions). Un facteur d’incertitude de 100 (10 pour l’extrapolation du rat à l’homme et 10 pour prendre en compte la variabilité interindividuelle de la sensibilité aux effets toxiques, chez l’homme) a été appliqué à  cette NOAEL pour obtenir la DJA.. Le BfR a estimé que cette valeur toxicologique de référence (VTR) n’était pas pertinente, parce qu’elle est dérivée d’une étude de toxicité chronique (2 ans) et que les effets toxiques du fipronil sont augmentées en cas de prise répétée, en raison de la lente élimination du  produit inchangé et des métabolites actifs dont le corollaire est un risque majeur d’accumulation.. Dans le cas de l’exposition du fait de la consommation d’œuf ou de viande de poulet, une exposition très prolongé est improbable. Le BfR a donc élaboré une VTR spécifique pour les expositions de brève durée à partir d’une étude de neurotoxicité développementale conduite  chez le rat, pendant laquelle le fipronil été administré du 6ème jour de la gestation au10ème jour de l’allaitement (soit une peu plus de 3 semaines). Dans cette étude, la dose maximale sans effet (NOAEL) était de 900 µg/kg/j et le BfR lui a appliqué un facteur global d’incertitude de 100 (voir ci-dessus) pour obtenir une VTR de 9 µg/kg/j. En confrontant les expositions au fipronil par consommation d’œufs ou de viande de poulet calculées ci-dessus à cette VTR de 9 µg/kg/j, on constate qu’il n’y a un dépassement que pour lest exposition des enfants du fait de la consommation d’œufs (ou d’œufs et de viande) quand elles sont calculées en utilisant le modèle EFSA et que ce dépassement est de faible amplitude (66 % pour les œufs et 68 % pour la somme œufs+poulet). Ce dépassement de faible amplitude n’implique pas un risque pour la santé s’il est de brève durée : il faut en effet rappeler que le scénario d’exposition est maximaliste et que la VTR a été calculée en appliquant un facteur de sécurité de 100 à la dose maximale sans effet.